sorry, i'm not sorry. (parker)

Encore une fois il n’a pas réussi. Au fur et à mesure, Parker pouvait sentir le poids des jours peser sur ses épaules. Il avait beau faire semblant, à l’université, en dehors, avec ses amis, ou même dans sa fraternité. Il pouvait bien voir que tout commençait à changer. Que tout changeait depuis la mort de Lindsey. Alors il s’était dit que.. peut-être lui aussi pouvait changer ? A croire qu’il n’est plus celui qu’il était quand il était plus jeune, il était bien loin le jeune garçon serviable et poli, celui qui était trop généreux avec les gens juste pour les voir sourire. Ça en surprendrait plus d’un à l’université s’ils apprenaient qu’il était ainsi il y a pas de ça dix ans auparavant. Une de ces personnes étant sûrement Diana. Parce que sur le même registre que Lindsey, il sait quand il fait des erreurs, il regrette, mais n’y fait rien. C’est ce qu’il s’était passé avec Lindsey, il n’avait rien fait parce qu’il pensait qu’elle comprenait. Avec Diana, il ne pensait pas qu’elle allait autant mal le prendre. Décidément on ne peut pas dire que Parker soit en phase avec beaucoup de personne. Il a tellement à faire avec son propre esprit et son existence qu’il en oublie celui des autres. Comment il peuvent réagir, ce qu’ils pensent, ce qu’ils ressentent. Pourtant il s’était dit qu’avec Diana il pouvait peut être changer les choses, faire avec elle ce qu’il n’avait pas pu faire avec Lindsey. S’excuser ? Difficile chose à faire pour quelqu’un qui n’a pas prononcer ces mots depuis des années à part peut-être à sa mère. Tout mettre sur le dos de l’association était plus facile. « mais on veut t’aider, on peut parler si tu veux » L’aider à quoi il ne savait pas trop. Au fond il connaissait Diana, il se doutait qu’elle n’allait pas lui déverser son cœur en lui disant ce qui n’allait pas. Il s’était même faire envoyé paître comme un moins que rien. La fierté a alors prit le dessus, vexé qu’il était, le jeune homme.
C’est parce qu’il a l’impression de tout faire de travers qu’il se retrouve dans cet endroit encore une fois. Dans un bar, à boire seul, en tête à tête avec une bouteille. C’est vraiment pathétique. Bizarrement il se retrouvait de plus en plus souvent dans ce genre de situation mais il essayait de ne pas trop y penser. Il vient ici, parce qu’entre les personnes qui dansent, la foule ambiante, personne ne le voit, lui seul au bar. Personne ne lui prête trop d’attention et au contraire de son quotidien, c’est ce qu’il cherchait pour l’instant. Puis comme la plupart du temps, il est passé devant, l’endroit où il voudrait bien y aller, mais n’ose y entrer, le switch bar. Généralement quand il va dans un bar gay, il conduit plus loin, en dehors de la ville, par peur sûrement d’être reconnu. Mais là c’est trop risqué. Alors il fuit et atterrie ici même, à renvoyer leur sourire aux demoiselles qui interceptent son regard. Il noie ses sourires dans sa bouteille, une vieille marque de vodka, pas du bon genre, celle qui brûle la gorge, celle qui fait oublier. Elle est maintenant bien entamée, enchaînant les gorgées au rythme de la musique du bar. "Depuis quand tu bois tout seul comme un ivrogne ? Ta célébrité t'a pas offert plein de copains ?" " Il pensait qu’il allait finir sa bouteille seul, a se battre avec ses pensées, mais non, la voila. Celle qu’il appelait « sa copine » il y a une éternité. Pourtant la sienne de copine elle était chez elle ou autre part, il ne savait plus vraiment, pourtant elle avait du lui dire, il a fait abstraction bien vite. Il pouvait sentir les vibrements de son portable sur le bar, à côté de la bouteille. Il voyait l’écran s’allumer, mais ne bougeait pas. Présentement il ne faisait que regarder Diana. Son cerveau lent essayait de décider s’il devait être méchant ou pas. « C’est vrai que des amis t’en as pleins toi. » Apparemment son cerveau avait vite fait de choisir. Mais c’était un automatisme, on pouvait bien entendre dans sa voix qu’il n’y avait pas ce venin qu’il avait si bien appris à cracher, c’était vide comme répartie, tout comme son verre. Alors encore une fois par automatisme, parce qu’il fait ce geste bien trop souvent depuis quelques mois, il remplie son verre, ne faisait pas trop attention, en versant à côté. Puis par pulsion, il pique celui de son voisin, vide, abandonné et le remplie également. Il le fit glisser à côté sur le bar, le faisant s’arrêter devant la jeune rousse, comme une invitation muette pour une conversation qu’il n’était surement pas prêt à avoir.

" La faute à qui hein ?" Justement. Justement, Parker s’était bien rendu compte trop tard que c’était de sa faute. Parce que de son point de vue, c’était inévitable. La chute était déjà prévu à ses dépends et il ne voulait pas en faire partie. Il ne voulait pas faire partie des conséquences que Diana allait devoir surmonter. Donc jusque maintenant, ce n’était pas de sa faute si elle n’avait pas d’ami, si elle était devenu quelqu’un que personnes de regarde, chose qui n’était pas le cas il y a quelques années. Comme quoi, ça ne dépend pas vraiment de la personnes que l’on est, tout dépend des relations, de la réputation que l’on a. Parce qu’au fond Diana était la même personne, celle qui pouvait se faire des amis en quelques secondes grâce à son sourire. Elle était la même, elle avait changé peut être, mais pas au point de ne plus la reconnaître. Pourtant cette personnalité qui envoûtait tout le monde était aussi une des raisons pour sa chute. Une autre était Parker évidemment. Parce qu’il se disait que peut-être.. peut-être s’il était resté avec elle, si lui aussi avait joué les bonnes cartes, ils auraient pu éviter tout ce désastre. Ce n’est pas pour paraître sans cœur, mais Parker était loin d’’avoir été amoureux de la rousse à l’époque, mais il appréciait ce qu’elle était, ce qu’elle représentait, son caractère, ils matchaient assez bien, il fallait l’avouer. Il savait qu’elle n’était pas de celles qui allaient glousser en écoutant ses blagues, mais de lui dire quand celles-ci étaient pourris. Mais maintenant il ne faisait plus attention à elle, comme si elle avait disparu de son champ de vision même quand elle se trouvait juste devant son nez. Cependant, de temps en temps, il avait un regard pour elle, de loin, parce que c’était dur de tuer ces habitudes, de la repérer de loin.
Il la regarda s’asseoir à ses côtés, comme ils avaient pu le faire des années auparavant , pourtant cette fois-ci l’atmosphère n’était pas aussi confortable qu’avant. "Pourquoi t'es venue me voir alors que cela fait des années que ne t'en a rien à foutre de ma gueule ? Ta quelque chose à te faire pardonner que t'essaie de te racheter auprès de tes "victimes"? Donc ça y est, il allaient avoir cette conversation. Il ne savait pas vraiment s’il était en état de l’avoir. Sûrement pas il fallait l’avouer. Mais il se disait, à juste titre, que s’il se cassait encore une fois. Il n’allait sûrement pas avoir l’occasion de reprendre cette discussion. Parce que Diana allait s’en aller et ne plus jamais lui parler. Il le savait bien. Il n’était pas du genre à aller courir après les autres, mais elle non plus. « Oh je sais pas parce qu’une file est morte et que je me suis dis que c’était le bon moment ? » L’air rieur, ses paroles sortaient comme une blague, le sourire en coin, encore cette air ironique qui ne semblait pas le quitter. Il faisait semblant pourtant cette fois-ci ses paroles étaient vrai et il ne savait pas si elle allait le remarquer ou pas. Il se resservit une énième fois, voyant bien du coin de l’œil que le barman le regardait attentivement, peut être par peur qu’il ne fasse une connerie ou qu’il s’endorme sur le bar. « La question est.. pourquoi t’as accepté de venir me parler si je t’ai fait tant de mal que ça, que j’ai ruiné ta vie, blablabla.. ? » Une petite voix dans l’arrière de sa tête lui chuchotait que ce n’était pas le meilleur moyen de diriger la conversation. Que ce n’était pas les bonnes questions à poser. Mais sa bouche prenait le contrôle, son corps également. Parce qu’il se tourna vers elle, grâce à son tabouret, et la dévisagea comme s’il la voyait pour la première fois depuis ces fameuses années.

Il devrait peut être arrêter de boire, la musique pourtant si forte lui semblant bien loin, comme un grondement sourd. Il se sentait lourd et à la fois très léger. La légèreté venait sûrement de l’alcool tandis que la lourdeur venait de la conversation qu’il avait avec Diana. Elle paraissait presque irréelle, peut être qu’il rêvait . Qu’il n’avait pas cette discussion avec la jeune rousse. En même temps, après tout ce qu’elle disait, qu’est-ce que ça lui apportait de venir ici, de lui parlait. Puisqu’apparemment il n’arriverait pas à s’excuser et que même s’il le faisait, il se doutait bien qu’elle ne les acceptera pas et que cela n’allait rien changer dans leur relation. Si on pouvait appeler ça une relation. Parce qu’il paraissait sans cœur, à l’avoir abandonner à son sort comme cela. Pourtant même s’il n’avait pas de sentiment pour elle, il a bien vu que c’était une bonne personne et il s’était dit que c’était une bonne personne avec qui être. Disons.. qui à être avec une fille, autant être avec une fille comme elle. Il ne disait pas qu’elle était parfaite, mais lui non plus, disons qu’elle aurait pu être parfaite pour lui, dans une autre vie, dans un monde parallèle. Mais ça il ne pouvait pas lui dire, ni à l’époque ni même maintenant. Parce que ça entraînait trop de complication, d’explication dont il ne voulait pas rentrer dans les détails. Il savait bien que c’était une des filles qui voyait un peu plus loin que ce qu’il montrait et qu’il ne se laissait pas faire par ses airs et attitudes de jeune homme, de jeune prince de l’université. Il avait l’air beau maintenant le « prince » de l’université. Franchement il était un peu pathétique présentement. Avec sa bouteille et sa solitude, à parler avec une fille qui le détestait probablement. C’était une des raisons de sa peur de l’après, une fois qu’il avait terminé l’université. Il allait terminé comme cela ? Ce n’est pas ce qu’il avait prévu, mais en ce moment il s’en rapprochait de plus en plus.

Il avait toujours ce sourire en coin sur le bord de ses lèvres, une expression un peu débile qui devait sûrement être décuplé par l’alcool qu’il avait ingurgité depuis au moins des heures maintenant. Parce qu’évidemment il avait commencer à voire bien avant que Diana ne vienne le rejoindre. "Oh je vois. Tu t'es dis : Et si Diana faisait pareil ? Ce serait peut-être bien pour ma popularité de faire le maximum pour qu'elle ne se pende pas à son lit." Son sourire disparu en une seconde à cause de ces paroles. Cela tournait dans le genre de conversation qu’il ne voulait pas avoir, surtout avec elle. Avec personne d’ailleurs. Le visage fermé, il posa brusquement le pied par terre, titubant un peu en s’avançant vers elle. « Ne.. dis pas des trucs comme ça putain, tu sais pas de quoi tu parles. » Parce que lui le savait peut être ? C’était un sujet sensible et tout ce qui se rapprochait de la mort de Lindsey le mettait dans tous ses états. Quitte ou double, soit il s’énervait soit il avait un breakdown. Mais vu sa situation et l’endroit où il était, il essayait de se maîtriser du mieux qu’il pouvait. Il se rassit en s’affalant sur son tabouret, prenant de sa main son verre, le serrant de toutes ses forces, espérant dans un coin de son esprit qu’il se casse, sans qu’il ne sache pourquoi. Puis elle enchaînait ses paroles, lui faisait bien comprendre ce qu’elle pensait de lui et de ce qu’il lui avait fait. Il ne savait pas quoi dire, ni ressentir. Il ne savait pas s’il sen doutait ou s’il se sentait coupable. Un peu des deux. « Alors tu es venu me dire ça.. que je suis qu’un con qui t’a lâcher comme une merde ? Que je suis le plus petit de tes soucis et que mon existence ne t’intéresse pas ou plus du moins ? Parce que tu crois que je ne le sais pas tout ça ? Pourquoi tu crois que je suis venu te voir ? Parce que dans mon cerveau de con égoïste, le minimum de sentiment que tu crois je suis capable de ressentir se disait que peut-être c’était un bon moment pour s’excuser, faire quelque chose. Mais même bourré je ne pense pas pouvoir le dire proprement le dire, pas que ça change quoi que ce soit dans ta façon de me voir. Et tu ais très bien que j’ai autre chose à faire que de te supplier de me pardonner, je ne suis pas comme ça et même si tu as du mal à le croire, j’ai moi aussi d’autres soucis que toi dans ma vie et ça me bouffe déjà trop pour m’occuper d’autre chose.. » Sa bouche s’ouvrait, déversant des paroles qu’il ne contrôlait plus, il en avait presque dit trop, mais son esprit s’était tut avant que tout ne sorte. Sa voix baissait de plus en plus, tellement qu’il ne savait pas si elle avait entendu la fin de son discours, mais il l’avait plus sorti pour lui que pour elle. Il baissa les yeux dans son verre, écoutant au loin la musique.